Ouzbekistan- Boukhara

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lundi 21 décembre 2015

Haut Atlas Marocain : au coeur du village de Zawyat Oulmzi

Lundi 14/09/2015 : Partons à la rencontre du petit village de Zawyat Oulmzi où se situe Touda, quelques centaines de mètres en contrebas.



Une jolie petite Norah montre sa petite bouille au coin d'une ruelle et nous entraîne par la main vers une maison où des travaux sont en cours. Sans doute, sa future maison.
On ne passe pas à travers le très attendu "Madame, madame, stylo Madame?" et le "Touda Madame?"
Bien sûr, nous avons emmené crayons, cahiers, feutres etc... mais j'ai donné l'ensemble à Brahim qui les remettra à l'école. Alors expliquer ça aux enfants qui ne parlent pas vraiment le français, c'est compliqué. Je dis "j'ai donné à l'école", mais la litanie reprend "Madame, madame, stylo-madame..."
Bon, on va dire que c'est le mot de passe et on va s'habituer... je répondrai "donné à l'école" à chaque fois. Une sorte de jeu ...

Nous dessinons une ruelle et partons à la découverte du village : les coffrets métalliques des compteurs électriques (maghana) sur les façades des maisons sont tous différents, en ferronnerie peints, j'en croque plusieurs, c'est amusant...
Les femmes lavent les lourds tapis en les piétinant dans un petit canal bétonné, j'entends les enfants psalmodier le coran à l'école du même nom; tiens, le gîte "chez Ali" semble avoir fermé ses portes définitivement. Dans les ruelles, les mules transportent gravats, terre, légumes, fourrage.. et on visite la grande boutique du village qui vend tout ou presque...


La petite Fatima réclame crayon et papier en nous voyant peindre. Bon, je cède à la demande. Elle s'installe près de moi et s'applique à dessiner de superbes personnages de Manga qu'elle a dans la tête. Ses yeux à 10 centimètres de la feuille prouvent incontestablement qu'elle a besoin de lunettes, la pauvre chérie! Ce n'est visiblement pas la priorité...

Un peu plus tard, nous découvrons enfin ce fameux Ecomusée, véritable petite pépite du village.
Aucun panneau extérieur, Brahim a les clés. Nous pénétrons dans les lieux ouverts depuis 2 mois.  C'est "Pauline", une jeune française  qui s'est chargée de la présentation et de la mise en valeur des objets typiques, dans le cadre d'un stage de fin d'études.

Chaque pièce a un thème : au rez-de chaussée, travaux des champs  et construction de l'habitat rural; à l'étage c'est la vie quotidienne : cuisine, filage de la laine, école, culture locale et au fond un grand salon au plafond et murs peints de motifs berbères, c'est juste magnifique.
Tout est mis en valeur, on entre dans la vie quotidienne des gens de la montagne. Plus tard, une femme s'installe au métier à tisser et file un tapis de laine.

La vue sur la vallée interpelle mes pinceaux,  magique!




Le même jour je dessine une ruelle pleine de soleil et d'enfants qui arrivent en courant. Il n'y a pas beaucoup d'animation ici alors quand les touristes se promènent dans leur propre village, c'est l'endroit où il faut être. Urbain!

- Madame Madame,  donne stylo, (ça recommence, évidemment!)
- J'ai donné à l'école,
- Bonjour, ça va, fatiguée?? Touda?
- Euh, non, tout va bien...pas fatiguée!
- Madame, bonbon, stylo?
Finalement je dessine la petite frimousse d'un enfant sur un papier et le donne à la petite Mariam qui le termine en un gros bonhomme avec le stylo marron que je ne reverrai pas. En échange, elle me donne un papier écrit dans sa langue avec un stylo 4 couleurs. 
Intégré au délicieux couscous de Najma, ça donne ça.



Mardi 15/09/2015 : Ce matin, petit déjeuner pris, départ en Kangoo pour le souk aux bestiaux d'Assemsouk.
J'adore traverser ces routes de montagnes aux paysages multiples et changeants, vallons, rochers abrupts, troncs tordus comme des sentinelles dérisoires, appel au secours muet et pathétique des genévriers thurifères, tranchant dans le cobalt parfait du ciel d'automne.



Effectivement, nous arrivons au fin fond d'une vallée, au milieu de nulle part.
Beaucoup de mules, ni chèvres, ni moutons, il est trop tard (10h 30). C'est le grand déballage dans un monde purement mâle. Deux filles européennes, crayons et carnets en main, c'est LE SPECTACLE du jour.


Un tailleur pique à la machine, à côté des vendeurs de casseroles, seaux, bouilloires, plats à tajines et grosses sacoches à mulets (chouari). On trouve aussi les immanquables paires de chaussures et frusques diverses étalées au sol, voisinant légumes, menthe et coriandre dans de gros sacs. Les camions colorées sont des Mercedes, j'ai pu le noter à chaque fois.

Les ados observent notre manège à distance respectable. Vêtements dépenaillés, hirsutes, maladies de peau pour certains, ils ne parlent pas français et sans doute, peu d'entre eux vont à l'école, en témoigne leur désintérêt total pour nos crayons... (pas de "Madame-crayon")
Ici, élevage et culture sont les règles de vie de toute la communauté. Les garçons prennent le relais très tôt, c'est une main d'œuvre naturelle. Je croque rapidement quelques sourires et regards graves.


Pour aller aux toilettes, c'est un peu compliqué, mais il est hors de question de faire comme eux, dans la nature sous un arbre, ça manque d'intimité.... Brahim trouve la bonne personne qui donne la clé du cadenas d'une porte juste à côté du Hammam familial. 
Un petit dessin de l'ambiance, dominée par les petites mules au oreilles courtes et au regard si tendre.


Vers 14 h, Brahim nous conduit dans l'unique gargote du site. Mohamed Ichchau, le boss,  officie aux fourneaux, les tajines réchauffent. 2 tables et chaises en plastic blanc, quelques tapis dans un coin pour la sieste digestive. C'est spartiate mais ça suffit.
Je croque à la volée le patron qui ne semble pas ravi du tout de voir sa tête reproduite dans mon carnet. Assemsouk,  c'est une affaire d'hommes...  rudes!
Nous partageons notre table avec Lhacen, souriant guide de montagne à la retraite qui connait bien Brahim. Il profitera du voyage retour dans le coffre du Kangoo.



Nous rentrons à Touda en traversant cette sublime montagne  sous les derniers rayons du soleil.

J'ai oublié de dire que pour ce voyage, j'ai utilisé un carnet de ma fabrication d'environ 46 pages, certaine que ça suffirait pour 8 jours de voyage, mais j'ai dû dessiner sur des feuilles à part car j'ai vraiment manqué de papier.... Et j'avais intégré quelques feuilles marron sombres qui se dépliaient, d'où les changements de couleurs que vous avez pu voir, par ci par là.

La suite du voyage,  un peu plus tard...
 

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